La dépression peut être détectée grâce aux fluctuations du rythme cardiaque

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— Syda Productions / Shutterstock.com

Dans une récente étude, des chercheurs allemands ont démontré qu’il était possible de détecter la dépression en surveillant les fluctuations du rythme cardiaque d’un sujet sur une période de 24 heures. Ce nouveau biomarqueur pourrait être facilement intégré dans les systèmes de surveillance des patients.

Un lien entre dépression et fluctuation du rythme cardiaque ?

Présentés à l’occasion de l’European College of Neuropsychopharmacology’s Virtual Congress, ces nouveaux travaux, menés par des chercheurs de l’université Goethe (Allemagne), se sont basés sur 16 sujets présentant un trouble dépressif majeur (TMD) résistant au traitement. 16 témoins en bonne santé se sont greffé au groupe et tous ont été suivis pendant quatre jours, avec un petit appareil portable qui enregistrait en permanence les données de la fréquence cardiaque.

« Nous avons constaté que les personnes souffrant de dépression avaient une fréquence cardiaque de base plus élevée et une variation de fréquence cardiaque plus faible, comme nous nous y attendions », explique Carmen Schiweck, chercheuse principale du projet. « En moyenne, nous avons constaté que les patients dépressifs avaient un rythme cardiaque supérieur d’environ 10 à 15 battements par minute à celui des sujets témoins. »

Une altération de la baisse rythme cardiaque la nuit

Les chercheurs se sont appuyés sur des recherches récentes ayant mis en évidence les qualités antidépressives de la kétamine. Ils ont alors administré soit un placebo soit un traitement à la kétamine aux membres du groupe. Cela s’est traduit par une amélioration presque instantanée des symptômes dépressifs et a permis d’établir une corrélation avec les observations de la fréquence cardiaque.

« Après le traitement, nous avons de nouveau mesuré le rythme cardiaque et nous avons constaté que le rythme et la fluctuation du rythme cardiaque des patients précédemment dépressifs avaient changé pour se rapprocher de ceux des témoins », explique Schiweck.

La dernière partie de cette étude consistait à tester un système de classification informatisé et à déterminer si les sujets dépressifs pouvaient être identifiés par rapport aux témoins en bonne santé en se basant uniquement sur les données des fréquences cardiaques. Il s’est avéré que les données de fréquence cardiaque temporelle étaient les plus efficaces pour y parvenir.

« Normalement, les fréquences cardiaques sont plus élevées pendant la journée et plus faibles pendant la nuit », souligne Schiweck. « Il est intéressant de noter qu’il semble que la baisse du rythme cardiaque pendant la nuit soit altérée dans les cas de dépression. Ce qui constitue un moyen potentiel d’identifier les patients qui risquent de développer une dépression ou de rechuter. »

90 % des sujets dépressifs identifiés

En se basant uniquement sur les enregistrements de la fréquence cardiaque, le système a pu identifier 15 des 16 sujets témoins et 14 des 16 patients souffrant de dépression. Une fréquence cardiaque au repos plus élevée était corrélée avec les patients dépressifs plus susceptibles de répondre positivement au traitement à la kétamine, ce qui suggère que le biomarqueur pourrait être utile pour déterminer à quels patients dépressifs bénéficieraient le plus un tel traitement.

« En termes simples, notre étude pilote suggère qu’en mesurant simplement la fréquence cardiaque pendant 24 heures, nous pouvons déterminer avec 90 % de précision si une personne souffre ou non de dépression », concluent les auteurs de l’étude.

 

SourceEuropean College of Neuropsychopharmacology Par Yann Contegat, le 20 septembre 2020
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Jean-Pierre
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