Silvia Congost est l’une des psychologues les plus respectées dans le domaine des relations. Dans une interview accordée à EFEsalud, elle donne des conseils utiles sur la manière de gérer nos relations dans un espace de communication sain. Et elle nous ouvre les yeux pour ne plus souffrir dans une relation qui ne nous convient pas.
Silvia Congost nous offre des clés pour identifier les traits toxiques chez notre partenaire et révèle les principaux signes d’alerte qui indiquent que nous pouvons causer ou subir une forme de violence psychologique.
Elle parle également des limites, de l’attachement et de la capacité que chacun d’entre nous a de mettre fin à ce type de situation.
L’idée que les « personnes toxiques » n’existent pas s’est répandue. De plus en plus de thérapeutes se rallient à cette tendance et défendent l’idée qu’elle est attribuée à toute personne ayant des difficultés relationnelles. Considérez-vous que les personnes toxiques existent dans les relations amoureuses ?
Bien sûr, il y a des gens qui sont toxiques pour les autres. On peut être dans une relation et avoir des valeurs différentes. Si je suis proche de cette personne et qu’elle me fait me sentir mal, me fait ressentir de l’angoisse, à cause de sa façon d’être ou de la façon dont elle me traite… Cela ne veut pas dire que cette personne est toxique en soi, mais pour moi, elle est toxique.
Tout comme lorsque je mange des noix, et que je suis allergique aux noix, pour moi elles sont toxiques, mais pour vous elles ne le sont peut-être pas. Une personne peut être toxique pour vous, mais pas pour les autres.
La notion de « personnes toxiques » peut-elle être utilisée de manière générique, ou la toxicité n’est-elle générée qu’entre certaines personnes incompatibles ?
Oui, bien sûr. Ensuite, on trouve aussi d’autres personnes qui ont un profil narcissique ou un profil psychopathe (par exemple), ou des personnes qui, quelle que soit la personne avec laquelle elles sont, vont détruire leur partenaire, celui ou celle qu’elles ont à côté d’elles. Parce qu’ils sont endommagés. Ces gens sont toxiques. Soit parce qu’ils ont un problème mental, soit parce qu’ils ont un problème d’enfance. Un problème qui a conduit à un trouble de la personnalité, ou autre… mais ce sont des personnes qui sont considérées comme toxiques parce que, peu importe avec qui elles sont, elles vont toujours détruire.
Vous devez donc vous éloigner de ces personnes et apprendre à les identifier. Cela nous aidera et nous épargnera beaucoup de souffrances.
La plupart d’entre nous manquent-ils de l’éducation psychosociale nécessaire pour identifier ce type de comportement, ou d’autres facteurs jouent-ils un rôle dans la difficulté à rompre des attachements malsains ?
N’oublions pas que dans une relation toxique, il y a un faiseur et un facilitateur. Si vous avez fait votre travail, que vous avez été éduqué – ce qui n’arrive pas – et que vous savez identifier les signes qui indiquent que cette personne est toxique, vous devriez faire vos bagages et partir.
Le problème est que nous ne sommes pas éduqués, nous ne l’identifions pas et il arrive un moment où nous franchissons ces limites et nous sommes piégés. Ce n’est pas que nous soyons coupables de ne pas l’identifier. Même si c’est inconsciemment, nous sommes restés là, et nous avons permis cela. Au final, vous finissez par devenir une victime parce que vous êtes détruit. Mais bien sûr, c’est votre propre responsabilité de quitter le côté de quelqu’un qui vous fait du mal, c’est pourquoi je dis toujours que la responsabilité incombe à chacun d’entre nous.
Maintenant, vous ne l’avez pas réalisé, parce que personne ne vous a enseigné tout cela. C’est pourquoi il faut vous enseigner cela et les signes qui l’indiquent sont les signes d’abus.
Quels sont ces « mauvais traitements » dont vous parlez, et pourriez-vous donner quelques conseils à nos lecteurs ?
Bien sûr. Il s’agit essentiellement d’abus psychologique, et nous devons apprendre à identifier les abus psychologiques. Parce que le fait que quelqu’un vous manque de respect, que quelqu’un se moque de vous de manière désobligeante, que quelqu’un vous rejette, que quelqu’un, par exemple, lorsqu’il se met en colère, arrête de vous parler pendant plusieurs jours. Ce sont des formes de maltraitance psychologique dans tous les sens du terme.
Également lorsqu’une personne vous punit ; lorsqu’elle considère que vous vous comportez mal avec des choses qui peuvent sembler insignifiantes, mais qui vous blessent ; ou lorsqu’elle voit que vous êtes mauvais et qu’il n’y a aucune compassion dans sa réponse. Ce sont tous des signes que vous n’êtes pas bien traité. Nous ne devrions pas avoir à le faire voir à cette personne ou à essayer de le changer. Au contraire, nous devrions nous éloigner quand nous rencontrons quelqu’un comme ça.
Existe-t-il un espoir pour les personnes qui sont enfermées dans ce type de relation et qui ne veulent pas en sortir ?
S’il est vrai que l’on ne peut forcer quelqu’un à se pencher sur son problème, il est possible de l’aider dans certains cas. Même si une personne qui n’assume pas son problème perçoit à un moment donné qu’il est mauvais et décide de le partager. Ensuite, il est très bien de leur donner un livre, de leur recommander d’écouter un expert sur le sujet, de leur dire d’aller à une certaine conférence ou d’écouter un podcast psychoéducatif.
Il est également utile de suivre une thérapie. Si vous avez déjà essayé et que cela n’a pas fonctionné, il faut que ce soit un tiers qui vous aide à faire ce « déclic ». Avec les personnes qui nient leur problème, il faut profiter du moment où elles sont dans une mauvaise passe pour mettre un petit coin. S’ils ne réagissent pas ou s’ils n’essaient pas de changer, c’est la vie qui les emmènera jusqu’à ce qu’ils touchent le fond ; et nous devons aussi nous désolidariser un peu, car sinon ils nous entraîneront vers le bas.
